Une brûlure véloce

Je range les individus dans des boites. Sans vergogne.

"Tu es horrible, à tout classifier"
"Tout le monde est unique"

Quand j’étais enfant, j’arrivais à savoir ce qu’était plus ou moins une personne avant de lui parler. Un peu à la manière des classes dans les MMORPG, j’ai créé mes propres classes. Elles étaient simplistes, admettons-le. Il y avait des types tels que "le musicos", "la sportive", "la racaille", "le simplet", "M. tout le monde"... Rien de très transcendant. Néanmoins, ça aidait à partir d’une base afin d’orienter le sujet originel, lors de la phase de socialisation !

Il y a, de nos jours, une certaine honte à classifier les gens. Tout le monde désire être unique, mais pourtant ils surfent sur les mêmes vagues. Un exemple trivial, de la vie de tous les jours ; le téléphone portable. Généralement, les personnes qui me font la morale car je classifie les gens sont les mêmes que ceux qui demandent "Samsung ou Iphone pour mon téléphone ????" sans ouvrir son esprit au delà, sans transcender les informations que l’on nous enfonce dans le crâne à notre insu.

Et l’on commence à ainsi voir ce que je pense de la classification ; personne n’y échappe.
Prenons mon exemple - je suis un fan du min-maxing, de l’efficience. J’ai longtemps navigué sur les internets avant de décider que le meilleur téléphone - du moins, pour moi - est une Xiaomi Redmi Note 3.
Et du coup, peut-on dire que je pense "out of the box" ?

Deux approches sont possibles ; statistiquement, oui. Admettons que 70% des individus sont détenteurs d’un iPhone/Samsung - selon les règles psychologiques, je suis en dehors de la norme. Profitons-en pour rappeler qu’être "anormal" ou "en dehors de la norme" n’est en aucun cas un défaut ou lié à un jugement de valeur - je suis juste dans la minorité qui ne suit pas le mouvement.

Néanmoins, ce raisonnement est trop binaire, biaisé, simpliste. Il ne suffit pas à ranger les individus - à défaut, l’on se retrouverait simplement avec les "suiveurs" et les "marginaux".

Alors voilà, mettons des boites de partout. DE PARTOUT. Je rentre dans la boite de ceux qui ont un téléphone de marque Xiaomi, plutôt que d’être simplement rangé dans "autres". Il n’y a pas que les yeux marrons, les yeux bleus, et les "autres" non ? !

Ainsi se poursuit ma pensée : choisir de ne pas choisir est un choix. Dire "je pense que tout le monde est unique" se résume juste à se ranger dans la boite de ceux qui pensent qu’on ne peut pas ranger les gens dans des boites, au lieu d’en sortir. Assez ironique non ?

J’édulcore quand même ma pensée, si aucune boite n’est vraisemblablement unique, il y a quelque chose de bien unique. En psychologie, l’on dit "le tout est plus que l’ensemble des parties", et c’est quelque chose qui s’applique ici. Tous ces choix, toutes ces boites amènent à l’individu que je suis. Je suis unique car j’ai choisi toutes ces boites - mais aucune de ces boites n’est unique.

Alors voilà, en tant que personne qui aime bien connaître la personne à qui je m’adresse avant le premier contact, ça faisait beaucoup de données à prendre en compte - Certains, d’ailleurs, assez peu utiles à la construction d’une personnalité. Savoir si X préfère les pâtes en sauce tomate ou sauce pesto n’allait pas m’aider à personnifier.

C’est ainsi que j’ai découvert par hasard le MBTI. Quelle fascinante création. Vraiment.
Récapitulons assez rapidement les bases ; nous classons les individus à travers 4 items dichotomiques qui permettent d’avoir une idée générale mais néanmoins précise de l’individu.

    I(ntroverti) ou E(xtraverti)

Il s’agit de savoir si la personne puise son énergie de l’intérieur ou du monde extérieur. Si la personne est plutôt inhibée ou ouverte. Si la personne réfléchit trop (I) ou pas assez (E) avant d’agir.

    (i)N(tuitif) ou S(ensoriel)

Il s’agit de savoir si la personne est ouverte d’esprit ou traditionnelle. Si la personne arrive à ses réflexions via des cognitions (N) ou des observations (S). Un intuitif aura tendance à être théorique et prévoir le futur, tandis qu’un sensoriel puisera dans sa banque d’expérience (ignorant parfois les connaissances transcendant les 5 sens)

    T(hinking) ou F(eeling)

Ici, l’on se demandera si l’on a plutôt une logique objective ou subjective.
Attention, les deux sont logiques. Ils répondent juste à deux logiques différentes.
La logique objective mesurera les items, l’objet, la quantification.
La logique subjctive, un peu plus utilitariste, tentera de maximiser la satisfaction des personnes concernées.

    J(udgemental) ou P(rospecteur)

Le judgemental aura tendance à prévoir (parfois trop à l’avance) les événements, tandis que le P mise tout sur sa grande capacité d’adaptation au dernier moment.

Inversément, le judgemental n’arrivera pas à s’adapter à une situation inconnue du tac-o-tac, tandis que le prospecteur ne sait pas comment tenir un planning, prévoir à l’avance, prendre du temps au lieu de réfléchir en "marches de manœuvre".

Attention, il n’y a aucun rapport entre la personne judgemental et les jugements de valeur. Le judgemental évalue les situations à l’avance.

Je suis INTJ. Introverti intuitif thinker jugemental. C’est ma boite. Ce sont mes boites. J’ai appris à les aimer, à les utiliser, et à reconnaitre les autres boites de personnalités qui m’entourent. Croyez-moi, ça simplifie tellement la vie.