Mysticisme - Transcender la réalité, dépasser le monde concret
Je vais commencer par un petit aparté - écrire ici et assez agréable, contrairement à ce que je pensais à l’origine. Je ne me contrains pas à écrire, et, assez curieusement, le fait d’écrire aide à résoudre les problèmes.
C’est un peu comme une dissertation ; j’attaque avec une idée générale du sujet à traiter, mais je ne sais jamais comment ça va finir.
Quoi qu’il en soit - je suis allé voir Brice 3 et Docteur Strange dernièrement, dans cet ordre là, avec deux jours d’écart. Ce qui est un exploit pour quelqu’un qui ne fréquente d’habitude quasiment jamais de cinéma.
Le premier film était très concret, l’on y trouvait la débauche adolescente qui est bien caractéristique de notre génération : musique populiste, alcool, fêtes sans aucun objet particulier, société du jugement et de l’affront à autrui. Malgré l’histoire un peu "extraordinaire", tout était très normal, mais conséquemment superficiel et ennuyant.
Docteur Strange, bien que toujours assez simple dans sa trame scénaristique et loin du chef-d’œuvre de l’année, a le mérite d’offrir de quoi rêver - c’est peut-être néanmoins lié aux nouvelles technologies d’immersion qui accompagnaient le film (3D, Imax, Laser, blabla), mais le film était très très agréable par sa science-fiction.
Je suis toujours un peu rêveur et je crois que je mord à l’appât de ces films-là. Ils utilisent le piège du personnage "ultra-réaliste" sur lequel s’identifie le spectateur, et à qui l’on montre qu’il faut transcender la réalité pour profiter d’un troisième oeil, de multivers (multi-univers, je suppose), pour pouvoir accéder à la prochaine étape de la réalité.
C’est vraiment très inspirant - pour quelqu’un comme moi qui n’arrive pas à se persuader que l’on est la meilleure version de ce que l’on pourrait être. J’ai toujours des délires (au sens psychologique du terme ?), à penser que je peux ressentir des flux d’énergie, à deviner ce que la personne en face pense, à être naturellement attiré par le surnaturel tout en étant dubitatif de tout témoignage de la sorte.
En effet, comment justifier tout cela ? Mais d’un autre côté, sachant que l’on a exploré si peu de tous les possibles, comment ne pas se laisser tenter ? Le soucis, en outre, est assez similaire à celui du mendiant ; nous avons tous croisé des mendiants qui prétendaient en guise de métier. Nous avons probablement tous croisé un mendiant indépendant, sincère à propos de sa quête. Seulement, le ratio sincère/malhonnête est tellement déséquilibré en faveur du second que l’on n’arrive pas à croire le pauvre partisan du premier camp.
Quel est le coût psychique ? La douleur de la réalisation. C’est assez similaire à mon expérience face au décès de ma mère ; victime d’une maladie incurable, j’avais le choix entre la laisser s’abandonner à la mort ou lui proposer des solutions paramédicales, vraisemblablement miracles selon certaines vidéos et certains témoignages. J’ai préféré ne rien donner, et ne rien espérer. Je ne voulais pas être déçu par un mythe sans fondement basé sur la théorie du complot Etatique.
Et pourtant, je sais que les réalisateurs du film, eux, sont ultra concrets. Le film est basé sur un budget, avec un plan, un cahier des charges, des techniciens audio et vidéo, etc. Néanmoins, peut-être touchent-ils du doigt une vérité sans le savoir ?
Je puise évidemment ma force d’œuvres fictionnelles - de mages de feu qui se déplacent dans les airs, de personnages rapides rusés et chirurgicaux… Et j’aspire à devenir ainsi, transcendant la réalité, réalisant les impossibles.
Alors, quelle solution ? Faut-il que je m’assujettisse au mysticisme ?
Le monde actuel est tellement terre à terre et aigre-doux, il est difficile d’y vivre sans se nourrir de fictions par ailleurs. Est-ce qu’il existe quelque chose dont la plupart des gens ne sont pas conscients ? Est-ce qu’au contraire il est plus rationnel d’essayer de réussir le plus dans cette vie mécanique pour pouvoir s’offrir les meilleures technologies d’immersion vidéoludique ?
Pourquoi pas les deux ? Il est parfois difficile dans notre monde de se ressourcer au plus profond de nous-même. Il y a toujours un média hyperconnecté pour nous rattraper et nous forcer à faire quelque chose.